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10 mai 2008 6 10 /05 /mai /2008 23:27

Cette deuxième phase comportait, en même temps que la continuité des exercices purements militaires, l'apprentissage de différents "métiers" depuis les conducteurs de tous les véhicules de cette armée à savoir: les chars , les engins blindés de reconnaissance, et camions , automitrailleuses etc.. jusqu'aux mécaniciens, cuistot, agent administratifs et autres hommes d'encadrements ( brigadier, brigadier chef, voir maréchal des logis. Une autre spécialité, une des plus importantes du centre, m'apparut très étrange c'était la formation de troupes à cheval. Depuis deux mois j'en avais vu à plusieurs reprise du côté Est du camp.
Je me dis , peut-être bêtement : on a pas encore compris les leçons de 1939 où les panzers des divisions Allemandes, contournant ou perçant la ligne Maginot écrabouillait l'armée de Weygand et autres généraux illuminés. Non seulement ces officiers supérieurs, n'avaient aucune stratégie, mais en plus comme ici, ils semblaient plus préoccupés à ce que les hommes de troupe n'oublient pas de mettre leurs bandes molletières, et autres accoutrements datant de la guerre de 14, que de les commander et de leur donner, pour se défendre, autre chose que des vieux  fusils Lebel dont certains ne fonctionnaient plus . Mais il est vrai aussi que j'étais jeune et que je n'avais pas encore tout vu de l'armée.
Au fur et à mesure que la matinée s'avançait, les rangs se vidaient doucement, l'un des gradés annonçait une liste à la main.
- Conducteurs de char de combat!
Et une liste alphabétique de noms suivaient l'annonce et les nommés allaient se ranger au fond de la place et quand la liste se terminait, ils rejoignaient leurs tentes respectives.

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10 mai 2008 6 10 /05 /mai /2008 22:45

On nous laissa un peu tranquilles, le reste de la journée, et aussi le lendemain, mais on nous demanda de mettre notre paquetage en ordre et de se mettre en tenue N°1. On devait être vers huit heure rassemblés sur la place d'armes.
A l'heure prévue le lendemain il était à peine jour , par un temps un peu couvert mais relativement doux, que près de deux mille hommes étaient soigneusement alignés face au grand bâtiment administratif. Ce plateau je l'ai déjà dit, était de la surface d'un terrain de football il était légèrement plus élevé que le bâtiment d'en face, où s'agitaient plusieurs gradés. Une estrade de la hauteur de deux marches, était installée, couverte avec une bâche kaki, pratiquement sous les couleurs, elle comportait un micro sur un trépied, une petite table et deux chaise en formica.
Un officier et un sous-officier, sortant du bâtiment, avec un gros dossier sous le bras, prirent place sur l'estrade et l'officier annonça un blablabla!! qui disait à peu prés ceci.
- Cavaliers! Nous sommes ici pour distribuer les rôles qui seront les vôtres sur les théâtres d'opérations de maintient de l'ordre et de pacification que vous aurez à assumer dans les prochains mois sur cette terre Algérienne et Française.
Je me dis que ce gars là avait bien appris sa leçon.
Il faut savoir que le centre d'instruction faisait faire ses classes, ( les classes étaient, comme le nom l'indique, un processus d'apprentissage des pratiques générales du parfait petit soldat sans spécialisation) à des appelés destinés à alimenter les unités de l'armée blindée et cavalerie de la dixième région militaire en Algérie, dont le commandement se trouvait à Alger. Donc ces deux premiers mois tout le monde recevait la même instruction, venait ensuite la spécialisation.

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10 mai 2008 6 10 /05 /mai /2008 22:05
Avec cela je pouvais affronter le chemin du retour qui, compte tenu de la lenteur des marcheurs, se passa le mieux du monde pour moi. J'arrivai avec mon escouade à la tombée de la nuit, alors qu'un brouillard tenace s'abattait sur le camp.
Noël arriva, loin de nos familles, sans aucun droit de sortie. La fête eut au moins l'avantage d'améliorer 'améliorer l'ordinaire, un chanteur inconnu avec un petit orchestre, vint aprés un copieux repas, nous chanter des chansons de Trenet, Tino Rossi, André Claveau etc... et pour les croyants une messe de minuit était prodiguée à onze heures et demi par l'aumonier du camp, dans la même salle.
Le jour de Noël aussi, l'ordinaire fut nettement amélioré, nous eûmes droit a quelques douceurs, chocolats, bouteilles de vins fins et d'alcool de la part d'associations comme " La fondation de France, Anciens combattants etc.. " . Ce qui permit à certains d'être un peu plus gais dans la soirée ainsi que d'autres qui avait noyé leur chagrin en abusant largement de cognac et autre Whisky qui ne manquait pas dans les colis. Ce n'était pas trop mon truc de boire, je gardais les douceurs, paquets de gâteaux boites de foie gras etc..et échangeais ma bouteille contre une belle boite de chocolats. Il fallait bien le lendemain pour se remettre de" nos émotions " mais c'était sans compter avec nos deux mentors, toujours aussi zélés qui nous réveillèrent à six heures comme d'habitude.
- Allez debout là dedans! et que ça saute, tout le monde dans trente minutes devant la guitoune, en short et en petit pull, on va faire un petit cross!
Je n'étais pas très doué pour cette course de fond, mais comme nos deux brigadiers avaient aussi fait la fête, ils étaient aussi fatigué que nous, et ce ne fut pas trop long, et je réussis à ne pas arriver le dernier. 
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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 22:56

- Oui bien sûr, cela vous aurez bien facilité les choses que je me pointe à sept heures, là vous m'auriez allumé sans aucun scrupules, n'est ce pas?
- Bon, Georges n'abusez pas de la situation, on n'en parle plus d'accord.
Notre conversation s'arrêta là, jusqu'à la fin des classes il ne m'embêta plus, je n'en profitais pas, je continuais à faire mon travail  lui le sien, mais il cherchait plutôt à m'éviter que de me parler.
La dernière épreuve notable fut la grande marche "forcée " de trente kilomètres, c'est à dire depuis le Lido jusqu'à l'aéroport de Maison blanche et retour par une route et des chemins différents qu'à l'aller.
Le départ eu lieu vers huit heures sac au dos avec une dizaine de kilos de charge, le fusil en bandoulière, le casque lourd sur la tête, une vraie partie de campagne . Beaucoup de cavaliers avaient du mal, et certains qui ne pouvaient  pas suivre étaient embarqués dans un GMC qui faisait office de voiture balais. Moi je me tenais dans la moyenne avec une escouade sur laquelle j'avais réglé mon pas. J'avais de bon rangers à ma pointure et pas du tout mal aux pieds, seule les bretelles du sac à dos me sciaient les épaules.
A la pause près de l'aéroport, où nous eûmes droit à deux heures de repos,  j'étais heureux de poser mon barda, car en plus du poids et malgré  la saison hivernale , le soleil dans un ciel clair était plutôt généreux et j'avais mouillé la chemise. La ration de combat distribuée au départ fut la bienvenue vers midi. J'achetais quelques oranges à un homme au bord de la route qui vendait cela à la sauvette dans des besaces pendues de chaque côté du dos d'un bourricot maigre comme un clou.

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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 22:19

j'étais toujours au garde à vous, je me mis au repos et montais sur mes grands chevaux.
- Brigadier! c'est vous qui n'avez pas fait votre travail, sans doute pressé d'aller dormir, alors maintenant faite votre boulot jusqu'au bout si vous osez. Mais ne croyez pas que je ne vais pas me défendre
Il avait un peu changé d'attitude, les mains derrière le dos, il allait et venait devant moi, le sous-officier écoutait depuis la porte. Encouragé "j'enfonçais encore un peu le clou".
- Vous n'êtes pas sans savoir que je connais quelqu'un qui pourrait aussi s'occuper de vous , je sais parfaitement que vous êtes capable, pour garder votre place au centre, d'approuver une sanction exemplaire, mais attention que cela ne se retourne pas contre vous.
- D'abord c'est pas moi qui décide, je  vais faire mon rapport.
- C'est cela faîtes votre rapport et on verra bien!
Il rentra avec le chef de poste dans la guitoune, j'entendis la conversation s'animer, mais il ressortit rapidement . Il avait l'air beaucoup plus calme et je sentais qu'il ne savait pas trop par quel bout prendre son affaire, il me demanda de le suivre et on commença à remonter vers notre tente, tout à coup il me dit.
- Vous auriez dû revenir à sept heures! là tout allait bien, mais maintenant je ne sais plus  moi! Écoutez! on ne dit rien à personne de cette histoire pour le peu de temps qu'il vous reste à faire ici,  vous partez dans le bled peu être das quelques jours alors!
Je ne pus m'empêcher de lui dire ce que je pensais .

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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 22:05

Bord de mer au camp du lido


cette photo date de Décembre 1957( 50 ans)
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7 mai 2008 3 07 /05 /mai /2008 21:19

Il parla encore un peu, mais il avait baissé le ton et je n'entendis pas trop la suite. le brigadier que je ne connaissais pas, voyant mon inquiétude, ne me rassura qu'à moitié.
- Te casses pas trop la tête, ils vont pas te manger, mais tu pourrais bien te ramasser queques jours de tôle.
L'autre ressorti et son air peu engageant ne me rassura pas davantage.
-Et bien cavalier, vous vous rendez compte de la gravité de votre acte, si vous n'étiez pas en train de faire vos classes vous risqueriez le conseil de guerre.
Je n'en menais pas large, mais je commençais à ressentir cela comme une injustice et comme on dit la moutarde commença à me monter au nez.
- Mais on m'a oublié, maréchal des logis, j'ai de grosses circonstances atténuantes. Vous êtes obligé de noter sur votre rapport que je suis arrivé ici à neuf heures, et puis il y a des témoins.
Car depuis deux minutes deux autres cavaliers étaient sortis voir ce qui se passait.
- Garde à vous d'abord quand vous parlez à un supérieur.
Je rectifiais mollement ma position, puis m'ayant vu pâlir de rage il baissa le ton en disant.
- Votre brigadier arrive , après tout cela ne me concerne pas, vous verrez ça avec lui!
Le brigadier " le roquet " arriva encore tout ébouriffé, il attaqua de suite.
- Ah bravo Georges, cela va vous coûter cher, vous savez qu'un abandon de poste est passible de sanctions graves! etc...

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7 mai 2008 3 07 /05 /mai /2008 20:52

A leurs question je répondis " rien à signaler" et après leur départ je continuais à scruter mon secteur avec acuité.
A sept heures je me dis, je vais boire un café bien chaud, d'autant que la nuit avait été plutôt fraîche. Je commençait à attendre mon brigadier pour non pas envoyer un remplaçant, je l'ai déjà dit,c'étais un poste de nuit, mais qu'il vienne me chercher, je ne devais pas abandonner mon poste. J'essayais d'appeler mais j'étais trop loin du poste de garde pour que l'on m'entende. Donc vers neuf heures, je décidais d'aller voir ce qui se passait, pensant que l'on m'avait oublié. A mon arrivée le sous officier de jour, me regarda comme si j'étais un zombi.
- D'où tu sors toi?
- Je prenais la garde de cinq à sept heures, je commence d'en avoir marre, vous m'avez oublié ou quoi?
Ce grand escogriffe se mit à me vouvoyer.
- Dites donc cavalier, on ne vous a jamais dit qu'on ne doit en aucun cas abandonner son poste de garde!
Puis se penchant vers la porte de la guitoune il dit au brigadier à voix réduite.
- Putain ces cons, ils l'ont oublié! restez avec lui dehors je vais appeler son instructeur!
J'entendis aussi à peu près ce qu'il disait à l'autre à la radio du camp.
- Tu as fais le compte de tes gars ce matin, t'en aurais pas un qui se serait évadé par hasard ?
Puis après un temps pendant lequel l'autre avait dû faire ses comptes.
- Il est là, il attend dehors.


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7 mai 2008 3 07 /05 /mai /2008 20:17
- Au revoir mon Colonel et merci!
Je ne sais pourquoi je le remerciais , en tous cas il regagna le voiture où le chauffeur au garde à vous ouvrait la portière arrière, par laquelle il pénétra à l'intérieur. Je le regardais partir, interloqué. Je n'ai jamais su ce qu'il voulait, et pourquoi moi! et pas plus que qui il était. Je n'en parlais pas, mais le bruit couru dans la tente et j'eus l'impression que l'on me regardait différemment.
A partir du deuxième mois, nous devions prendre la garde, le camp était immense et bon nombre de mirador jalonnaient les clôtures, faites de plaques de béton et de barbelés sur le haut.
Une nuit j'étais de faction dans un de ces postes d'observation, non loin de la mer, de cinq à sept heures du matin. Ce poste là était uniquement de nuit. On y accédait par une échelle métallique avec un palier intermédiaire et un système de trappe dans le plancher qui, une fois fermée donnait au mirador une surface de près de quatre mètres carrés.
Je prenais la garde sérieusement, car bien qu'il n'y ait pas de gros risques d'attaque, je me disais, on ne sais jamais. Je disposais d'un fusil " Mas 36" avec une seule cartouche dans ma poche. Le bruit des vagues de la mer proche, ne me permettait pas d'entendre distinctement les autres petits bruits, aussi je passais deux heures à scruter les abords extérieurs de la clôture. La lumière de la lampe installée à proximité était trop faible pour voir quoi que ce soit parmi les les bosquets d'arbousiers, de petits pins, et de ronciers qui projetaient  sur le sable clair des formes bizarres que je croyais être des silhouettes de je ne sais quel animal ou être humain.
La visite du chef de poste et notre roquet vers six heures m'occupa quelques minutes.
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7 mai 2008 3 07 /05 /mai /2008 19:23
- Mon colonel voici le cavalier Georges.
- Repos! et merci! maréchal des logis, vous pouvez disposer!
C'était bien un colonel ou équivalent, il avait cinq barrettes sur les épaulettes, un placard de décorations coté gauche et une ancre de marine brodée sur les revers du veston. C'était un homme assez grand, mince, je lui donnais environ cinquante ans . Sa tenue impeccable bleue marine et sa casquette blanche lui donnait un air un peu sévère, mais son allure sportive et son visage bronzé inspiraient confiance et lui donnaient un air plus jeune. Je ne l'avais jamais vu. Il me fit signe d'approcher et, m'entraînant un peu à l'écart me demanda.
- Ton nom c'est bien Georges?
Le temps que je reprenne mes esprits, je répondis.
- Oui mon colonel!
Il ne releva pas mon erreur, ni d'ailleurs celle du chef de poste une minute plutôt, car après coup je sus que c'était un capitaine de Frégate dans la marine, ce qui correspondait au grade de lieutenant colonel dans l'armée de terre, et nous aurions dû l'appeler Commandant! 
- Il n'y a que toi qui porte ce nom là ici?
- Il y en avait un autre il était de Limoges, je sais qu'il est parti il n'y a pas longtemps, mais je ne sais pas où.
- Tu fais tes classes ici, c'est bien en bord de mer comme ça, Tu viens de quelle région?

- Je suis de la Correze, enfin je suis né là bas.
Il me sembla qu'il n'avait plus rien à me demander ou à me dire, car visiblement je n'étais pas le gars qu'il cherchait. Aussi en se dirigeant vers la voiture il me dit.
- Et bien cavalier je crois que j'ai dû faire une erreur, tu ne dois pas être l'homme que je voulais voir! Je vais te dire au revoir et bonne chance!
J'étais déjà au garde à vous et saluais un peu interdit. 


  
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