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1 septembre 2008 1 01 /09 /septembre /2008 22:21

Nous déménageons jeudi prochain, tout le régiment, on s'en va vers l'ouest, oh! ça ne devrait pas être trop dur de faire les paquets, j'aurais tous les détails Lundi, mais d'ores et déjà c'est le P.C. qui s'occupe de la logistique, pour le reste on verra.
Pendant toute la semaine ce fut un branle-bas de combat permanent, chaque service se préparait avec entrain, et enfin le jour "J" arriva. Le nombre de camion qui se pointa le matin à l'aube était impressionnant, il faut savoir que pour une centaine de chevaux, leur harnachement, le fourrage et avoine en stock etc... d'autant que la vingtaine de véhicules , pour la plupart, des châssis courts avaient une surface de plateau limitée. Ils étaient aménagés en bétaillère avec de hautes ridelles latérales afin de contenir les animaux. Il fallait autant de camion pour le reste ( meubles literie, cuisine) sans oublier les hommes de troupe et cela pour les quatre escadrons et le PC. Notre escadron étant sur la route de Miliana c'était le point de ralliement de tout le régiment. Les véhicules , camions, E.B.R. half track , jeep , command car s'entassaient en file indienne sur le bas côté de la route. Le matériel et paperasses étaient rangés dans l'engin à Durand, et comme j'étais prêt j'allai jeter un coup d'oeil sur la route, tout le monde n'était pas encore là mais déjà le convoi s'étirait sur plusieurs centaines de mètres.
Les chauffeurs des camions connaissaient bien sûr la destination du régiment, mais pour nous malgré que ce soit tenu un peu secret, avec Chauffier on avait une petite idée, car on avait vu passer des documents au bureau. 

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1 septembre 2008 1 01 /09 /septembre /2008 21:47

Pendant ce temps, qui ne dura que quelques secondes, le bestiau avait disparu, et le moteur de la Jeep calé. Le silence qui s'en suivit fini de me glacer d'effroi. Pendant que j'avais mis pied à terre, et essayait d'évaluer les éventuels dégâts, et nos chances de repartir, le Capitaine avait posé son képi, et s'essuyant le front, poussa un soupir en disant.
- Putain de chacal, j'ai eu peur, on a failli se renverser, ouf! On a eu de la chance. Au fait il n'y a rien de cassé?
Mais sans attendre ma réponse au deuxième coup de démarreur le moteur rugi et le capitaine, en amorçant la manoeuvre de recul me cria.
- C'est bon spahi, on y va nous ne sommes plus très loin maintenant.
J'eus juste le temps de remonter sur mon siège et de me cramponner et l'engin repartit de plus belle.  En réalité contrairement à ce qu'avait dit le capitaine, nous étions encore assez loin, mais la vallée s'était élargie et la piste devenue plus carrossable. Ce qui ne nous empêcha pas d'arriver à nuit noire au village, les phares allumés faisant claquer le bec aux vieilles cigognes et aboyer quelques chiens errants.
La semaine qui suivit cet épisode, le capitaine fut très occupé, il retourna deux fois au PC à Aumale et en revint tout excité. Chauffier qui le connaissait bien me dit.
- Je ne sais pas ce qui se prépare, mais je ne l'ai encore jamais vu énervé comme ça.
Le vendredi soir il revint encore très tard, mais le lendemain matin quand il rentra dans le bureau tout guilleret, et s'adressant à Chauffier il demanda.
- Ah! Chauffier, vous êtes bientôt libérable je crois?
- Oui mon capitaine je vous quitte le  vingt juin
- Bien! désolé mon vieux, mais avant de partir vous allez avoir encore un gros travail à faire.    

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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 22:23

Le massif du Djurdjura, au loin, légèrement sur la droite, avait perdu sa neige de mars, mais dressait son cône dans une légère brume, éclairée par l'ouest, par un soleil couchant jaune orangé.
La piste que je repérais le premier, était indiquée par un panneau en bois bancal, où était écrit sans doute le nom d'un douar à peu prés illisible. Je lui montrais du doigt dès que l'aperçus, il leva le pied aussitôt. et s'exclama.
- C'est bon! C'est ici, je me reconnais.
Au début c'était une piste plutôt confortable en légère déclivité, dans un environnement caillouteux et assez dégagé, comme une garrigue, mais avec pas mal de verdure, de petites parcelles de culture et de pâture.
Au fur et à mesure que nous avancions, la pente s'accentuait, la piste ravinée par les pluies de printemps, devenait de plus en plus difficile, obligeant le conducteur à emprunter les bas côtés, faisant de légers écarts pour éviter un nid de poule ou un gros cailloux. J'étais de moins en moins rassuré. Nous roulions maintenant dans une vallée plus étroite où la végétation s'était densifiée, accélérant la  tombée de la nuit qui nécessita l'allumage des phares.
Je crus ma dernière heure arrivée quand, à moins de vingt mètres de la voiture, un espèce d'animal sortant des fourrés traversa la piste en trois bonds, contraignant le conducteur à freiner à mort,ce qui provoqua une embardée qui mit la jeep en travers de la piste , le capot à quelques centimètres d'un chêne vert.  

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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 21:58
Vers cinq heures du soir, ma dent avait été soignée depuis longtemps, j'avais réussi à manger un en cas vers 13 heures. J'avais attendu tout l'après-midi sur le fauteuil passager de le Jeep, pour être certain qu'il ne parte pas sans moi. Je commençais à désespérer, il ne faisait pas froid mais il n'arrivait toujours pas, et le soleil était déjà bas du côté du djebel Dirah. Il sortit enfin du bureau un peu avant sept heures, j'étais descendu de la voiture prêt à remonter à l'arrière et, me voyant inquiet il me dit.
- Ah! Georges on est pas en avance, mais j'ai un raccourci, on sera vite arrivés, montez devant vous voyez mieux que moi.
Un sous-officier sorti du local en courant, salua à six pas et demanda.
- Mon capitaine! le colonel m'a dit que vu l'heure tardive il pouvait vous donner une escorte jusqu'à Bouira.
Mais déjà le jeep ronflait et embrayant il cria.
- Non! Non! Inutile il n'est pas nuit, on va prendre un raccourci! Remerciez le! Au revoir.
Il démarra en trombe faisant gicler les gravillons à dix mètres derrière la voiture. Nous roulâmes sur la route goudronnée sans croiser ou doubler le moindre véhicule. Le capitaine enfonçait l'accélérateur jusqu'au plancher, faisant hurler le moteur, mais une jeep au-delà de 80 km/h, cela devient rapidement intenable et assourdissant. Je l'entendis pourtant me dire .
- Regardez bien, on doit prendre une piste à gauche, si je me souviens bien, un peu plus loin, on va couper à travers vous allez voir ça va aller vite!
Voyant mon désarroi il ajouta.
- Ne vous en faîtes pas Georges on va y arriver. 
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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 21:25

Ce qui avait donné l'alerte, c'est un cheval qui était arrivé seul dans la cour, suivi des rescapés non loin derrière. Dans l'heure qui suivit une vaste opération de ratissage avec de gros moyens du secteur fut déployée, ce qui donna lieu à plusieurs exactions commises dans un douar, pas loin de l'embuscade, parce que on avait trouvé un vieux fusil de chasse dans une mechta, qui soit disant avait servi à l'attaque.
Chauffier me dit de ne point parler de tout cela, le capitaine ne voulait pas entendre de commentaires la-dessus. Il se sentait responsable de ce gâchis, d'ailleurs il avait failli sauter, mais ses états de services lui valurent seulement un blâme sévère et sûrement quelques jours d'arrêt fictifs.
Depuis ce coup là, la promenade des chevaux se faisait sellés, et chaque cavalier avait son arme et le peloton restait à proximité du cantonnement. Mais pour ce qui le concernait il me paraissait toujours aussi naif, il partait chaque matin, seul sur son cheval, avec sa badine et son képi et encore assez loin de la ferme. Il continua à nous laisser monter la garde sans décider de clore sérieusement les parties de l'enceinte qui donnait sur les champs et les bosquets à l'arrière du cantonnement.
J'eus encore la preuve un peu plus tard de sa naïveté. Un jour où j'avais une rage de dent et une énorme "chique", comme il devait aller à Aumale, Chauffier lui demanda de m'emmener cher le dentiste. Le matin en partant on passa par Bouira avec la jeep, c'est lui qui conduisait, moi j'étais à l'arrière avec mon MAS36. Il roulait comme on dit " à fond la caisse"  et je n'étais pas trop rassuré, mais les cinquante kilomètres furent couverts dans l'heure sans encombres. 
  

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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 18:21

Je me rendis rapidement compte que notre capitaine, sous son air autoritaire, n'était pas un vat-en guerre, il obéissait aux ordres venus du P.C. mais sans faire de zèle. Je m'étais laissé dire qu'en opérations il ne cherchait pas spécialement le contact avec l'ennemi, pas plus que lors de patrouilles ou de contrôles. Ce qui me paraissait un peu plus inquiétant c'est qu'il faisait, apparemment, abstraction des risques encourus quotidiennement, mais peut-être cachait-il son appréhension.
 Ce qui me conforta dans mon idée de son inconscience, c'est qu'un jour où nous avions le temps avec Chauffier il me raconta qu'au mois de novembre dernier, le 3° peloton, parti en promenade des chevaux, en tapis ( sans selle) et sans armes était tombée en embuscade tendue par un groupe de cinq ou six fellagas bien armés d'armes automatiques et de fusils de guerre. Cet épisode s'était produit dans une petite vallée à un bon kilomètre du cantonnement. Les chevaux avaient pris peur au début de la fusillade, quelques cavaliers, les moins expérimentés s'étaient retrouvés à terre en terrain découvert, ils avaient été tués  ou blessés rapidement. seul l'officier qui avait sa carabine US avait tué un des assaillants, faisant fuir aussitôt les autres . Résultat de l'opération: trois morts , six blessés dont un grave, trois chevaux morts , et deux de blessés renvoyés en base arrière

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24 août 2008 7 24 /08 /août /2008 21:35

Je commençais tôt le matin, finissais tard le soir si nécessaire et ne prenais que quelques minutes pour manger à midi. Bien évidemment je faisais souvent des fautes de frappe, je devais généralement recommencer ma page, car sur une lettre en double exemplaire la correction était possible, mais pour le journal de bord dont trois exemplaires allait au PC, chaque correction se voyait. Tout cela avec une machine à écrire datant de la dernière guerre, dont le ruban sautait de temps en temps à autre et la frappe de certaines lettres provoquait un espacement au milieu d'un mot. Donc, ce ne fut pas facile, mais je ne lâchais pas le morceau et à partir du troisième mois je m'en sortais un peu plus facilement. Mais ce fut une véritable corvée pendant plusieurs mois. Le reste du temps je tapais quelques lettres ou documents chaque jour, je classais tout ce qu'il y avait à classer, préparait les permissions, mettais à jour les livrets militaires, je faisais aussi un peu de comptabilité sur les factures de l'ordinaire, du mess des officiers et sous-officiers, et les comptes du foyer etc...
Il arrivait comme je l'ai déjà dit, que l'escadron parte en opérations, pour la journée ou pour plusieurs jours, nous ne restions qu'une quinzaine au cantonnement avec le M;d.L. chef Zouaoui et Chauffier pour, comme on dit, garder la maison, monter la garde , garder les chevaux  restants etc... C'était des périodes difficiles, pour les gars dans le djebel mais aussi pour nous. Nous étions assez inconcients des risques encourus. Un petit commandos de rebelles un peu culottés aurait pu nous trucider de jour comme de nuit. Mais contrairement à d'autres secteurs il n'y eu jamais la moindre attaque.

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22 août 2008 5 22 /08 /août /2008 21:40

Après le départ de Brana, je me retrouvais seul avec Chauffier qui devait être libéré fin juin. C'était un rappelé de la classe 55 qui, après avoir fait son service  avait été libéré au bout de 18 mois de service légal, et rappelé pour six mois en Algérie , qui se transformèrent en 9 mois. Lui il avait la fibre militaire et prenait son mal en patience sans jamais se plaindre.  Ce n'était pas le cas de la plupart de ces rappelés dont certains , je l'ai déjà dit, avaient semé la panique dans les casernes de métropole, dans les trains ainsi qu'à leur embarquement à Marseille et à Nantes. Par la suite tous les appelés faisaient 27 mois pour les incorporés directs en Algérie , et 28 à 30 mois pour ceux qui avaient fait leur classes en Allemagne ou en Métropole.
Chauffier faisait donc son service avec résignation mais restait rigoureux sur le travail du bureau. C'était un bon gars qui ne me demandait qu'une chose c'était de faire mon travail, je m'en acquittai de mon mieux sans rechigner. Le travail au quotidien n'était pas très compliqué ni trop fastidieux sauf une tâche importante qui revenait chaque mois ; je devais taper  le" Journal de marche de l'escadron". C'était un document de quinze à vingt pages dactylographiées en quatre exemplaires, avec une feuille de papier carbone entre chaque page. Au début j'y passais deux ou trois journées entières en prolongeant mes efforts tard le soir, mais les deux premiers mois ce fut dur. Tout d'abord le capitaine écrivait comme un médecin, et le déchiffrage de son écriture me traumatisait. La plupart du temps Chauffier réussissait à le déchiffrer, mais je passais beaucoup de temps à le relire pour ne pas déranger trop souvent. Il y avait des mots heureusement qui revenaient fréquement  comme hommes chevaux, mouvement effectif, peloton, escadron etc...

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22 août 2008 5 22 /08 /août /2008 21:13

Ce qui n'empêchait pas sa fidélité indéfectible à la France, car même s'il était bardé de médailles c'était un très brave homme. Sitôt que Brana fut parti, il venait me voir chaque jour pour que je lui tape la liste de garde, et aussi souvent le dimanche pour lui écrire une lettre à sa famille restée du côté de Senlis dans l'Oise. Il m'avait prit à la bonne pour ma discrétion car il était très géné de ne pas savoir écrire. Brana m'en avait parlé un peu, mais je n'en parlais jamais à personne. Plus tard nous devînmes les meilleurs amis du monde, autant que l'on pouvait l'être entre un deuxième classe et un sous officier d'active.
Il y avait une chose à laquelle  je ne m'habituais pas et cela dura pendant tout mon séjour en Algérie. J'avais une sainte horreur de monter la garde, pourtant cela revenait toutes les trois ou quatre nuits  et souvent deux fois deux heures , deux avant minuit et deux après minuit. Quand l'escadron était en opération cela revenait toutes les deux nuits .
J'étais un peu trouillard, et rester deux heures dans le noir à scruter un carré de campagne pour ne rien voir au delà de vingt mètres, me tétanisait en tous cas au début. Je prenais peur de rien un doigt sur la gâchette de mon Mas 36. Je frissonnais au moindre bruit insolite provoqué par le vent , un oiseau de nuit, un chat ou chien errant. Le claquement du bec des cigognes me surprit au début mais devint rapidement familier. Il y en avait une dizaine de couples nichant non loin de là sur les catalpas de l'allée de l'entrée . Elles restèrent tout l'hiver et disparurent aux premières chaleurs sauf deux ou trois déplumées, trop vieilles pour faire le voyage. 

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21 août 2008 4 21 /08 /août /2008 23:02
 Le M.d.l. Chef Zouaoui

posant avec la garde d'honneur
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