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14 juillet 2008 1 14 /07 /juillet /2008 21:32

J'avais travaillé à Limoges, je connaissais bien cette ville, et lui habitait non loin de l'hotel où j'avais été pensionnaire en 1955 et début 1956 avenue G.Dumas. Nous fraternisâmes rapidement et il m'apprit quelques combines de fonctionnement  du régiment avec ses escadrons et pelotons éparpillés dans la région d'Aumale, où chaque jour des gars du contingent risquaient leur vie, avec souvent des équipements archaïques , datant d'entre les deux guerres, avec, pour beaucoup d'entre eux des chevaux ( certes bien entretenus et bien soigné) comme "matériel". Pendant ce temps nos élus, à Paris, se déchiraient sur des problèmes mineurs, renversant un gouvernement tous les six mois, pendant que le président de la République se contentait d'inaugurer les "chrysanthèmes"
Je m'aperçus rapidement que mon nouveau copain, Albert, n'était pas loin de penser comme moi, et que mis à part quelques régiments d'élite, comme les paras, la légion ou les commandos qui enrôlaient pas mal de tête brûlées,  dont faire la guerre était leur métier, Je n'ai pas rencontré beaucoup d'appelés disposés à aller se faire étriper pour une cause perdue d'avance. Comme disait Albert:
- C'est nous qui sommes chez eux, ils veulent nous virer, et ils y arriveront, ils y mettront le temps, mais je suis certain qu'ils gagneront la partie. Il ne faudrait pas que je parle trop fort car si un gradé m'entendait je pourrais avoir des ennuis.
On sentait bien qu'Albert, qui était ici depuis un an, ne se faisait plus d'illusion quant à l'issue de ce conflit, il continua 

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14 juillet 2008 1 14 /07 /juillet /2008 21:26
c'était moi il y 50 ans
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13 juillet 2008 7 13 /07 /juillet /2008 19:56
Non! Non! ils vont ravitailler un peloton sur un "piton" à vingt kilomètres d'ici (  toute position militaire occupée pour des raisons stratégiques dépassant cent mètres de haut était appelée "piton" , mais souvent c'était une petite montagne , difficile d'accès d'où l'on pouvait contrôler tout un secteur)
Le spahi qui semblait désabusé continua à me raconter.
- Tu parles! les mecs, la haut dans la neige jusqu'au ventre, ils n'ont plus rien à bouffer, quelle connerie! Après s'être fait allumer la semaine dernière avec trois blessés dont un évacué à Maillot en hélico. Aujourd'hui ils sont prêts de crever de faim, parce que le ravitaillement n'est pas sûr d'arriver, même si c'est vrai que les chevaux, malgré la neige et les congères, ont toutes les chances d'y parvenir. Enfin on le saura ce soir, mais je pense que même si le plafond de nuages est encore un peu bas, ils auraient pu envoyer un hélico.
Je ne connaissais pas beaucoup les chevaux, mais j'essayais d'imaginer leur progression dans ce désert blanc, risquant l'embuscade dans chaque " talweg" ou repli du terrain, je n'aurais pas aimé être à leur place. Et nos chefs appelaient ça du maintient de l'ordre, pacification, etc...
Durant ces quelques jours, je fis la connaissance de spahis déjà à Aumale depuis plusieurs mois, dont un limougeaud prénommé Albert, un grand gars d'un mètre quatre vingt, et d'une corpulence de demi de mélée.












   
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10 juillet 2008 4 10 /07 /juillet /2008 22:07

Tout à coup, sortant de je ne sais où, une file de cavaliers montés sur des selles bizarres et sur de petits chevaux vifs et racés passa devant moi, rejoignant la sortie du cantonnement, officier en tête, les cavaliers étaient vêtus, d'une partie de la tenue que l'on nous avait remis hier. L'ensemble de cette tenue pittoresque, se situait entre celle connue des méharis sahariens et des zouaves des contes orientaux. Cet accoutrement que j'aurais à porter était composé d'une gandoura( sorte de blouse en toile écrue) ceinte à la taille par une large écharpe rouge et un ceinturon ou pendait des munitions dans de petites sacoches. Ensuite une sorte de pèlerine blanc cassé, mais plutôt laineuse recouvrait le tout flottant de part et d'autre sur les flancs du cheval. Chacun était coiffé d'un chèche ( longue bande étroite de tissus écru) savamment enroulée autour de la tête. Leurs chaussures appuyées sur des étriers triangulaires en tôle, ressemblait à des pataugas surmontés d'un genre de guêtre appelée "houseau" enfermant le bas du pantalon. Chaque homme était armé de carabines US, de MAS36 ou de MAT49. Je remarquais aussi deux fusils mitrailleurs et un petit mortier et ses caisses d'obus sur un cheval de bât qu'un cavalier menait à la bride. En queue de ce peloton ( un peloton comportait environ 30 spahis, un escadron quatre ou cinq peloton et un régiment  quatre ou cinq escadron ou plus.) trois chevaux et deux mules bâtés étaient chargés de de lourds ballots bâchés, cinq hommes sur leurs chevaux les tiraient à la bride et fermaient la marche. Je demandais à un gars qui comme moi avait salué l'officier et qui attendait que la file soit passée pour traverser.
Tu sais où ils vont comme ça par ce temps? Ils doivent aller en opération non?

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10 juillet 2008 4 10 /07 /juillet /2008 21:37

je me raisonnais rapidement et, me mouchant, je m'entendis répondre.
- Putain de pays de merde! je ne sais pas ce qui m'a prit. Faut venir ici pour voir autant de neige, pour dormir dans des écuries aux chevaux, si c'est comme ça pendant deux ans, il y a de quoi se démoraliser. Puis chacun y alla de sa phrase réprobatrice, mais il n'y avait pas que moi qui avait le moral dans les chaussettes.
La neige avait cessé de tomber peu de temps après notre arrivée, il me semblait qu'il faisait moins froid et que la température ne devait pas être très en dessous de zéro, malgré une forte bise soufflant de l'ouest.
Était-ce la fatigue? Toujours est-il que je dormis comme un loir, et ce n'est que le désagréable son d'un clairon qui me réveilla vers six heures. Je pus me raser ensuite dans un lavabo collectif à l'eau glacée et me laver sommairement la figure, ce qui me réveilla totalement, et on nous conduisit déjeuner d'un café moyen et biscuit du soldat un peu ramollis. Toujours le même sous officier, dans la matinée nous emmena dans un bâtiment en préfabriqué où un trentaine de lits " picots " étaient installés. On accédait au local par deux larges marches en béton et son plancher en bois lui donnait une impression de confort. Chacun avait récupéré ses couvertures, et le chef nous envoya chercher une paillasse et un " sac à viande " au magasin du fourrier. La paillasse était épaisse comme une galette mais c'était mieux que le sol de l'écurie. Quand j'eus rangé mes affaires et fais mon lit, je mis le nez à la porte restée ouverte. Le soleil, déjà haut tentait de percer un plafond de nuages assez élevés, mais réchauffait un peu le petit vent glacial qui courait entre les baraques , laissant apparaître de petites stalactites aux gouttières des toitures les plus exposées.

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7 juillet 2008 1 07 /07 /juillet /2008 21:45

De rares petits immeubles étaient occupés en rez de chaussée par quelques magasins ou échoppes sans attrait.
Finalement je franchis, sous la neige, les portes du poste de garde du 5° Régiment de Spahis Algériens le deux Mars 1958 sur le coup de trois heures de l'après midi.
La neige était partout, écrasant et déformant les bâtiments, ainsi que les objets et le véhicules stationnés vers la gauche d'un vaste espace. Une équipe de soldats emmitouflés, une pelle à la main, essayaient sans enthousiasme de dégager des accès aux divers bâtiments, créant de petits monticules de neige maculés de boue et de gravillons. 
Un sous-officier nous conduisit à un magasin où l'on nous remis un complément de  paquetage, qui comprenait entre autre
 , deux burnous un blanc et un rouge, une gandoura, deux sérouals, deux chèches, un fusil MAS 36 et des cartouches, et un casque lourd (qui portait bien son nom).
Ensuite nous fûmes conduits à notre dortoir qui n'était autre qu'un écurie aux chevaux , où des animaux avait séjourné depuis peu car il y flottait une odeur de fauve assez prononcée.. C'était quand même un bâtiment en dur, je dormis là tout habillé avec une quinzaine de mes camarades d'infortune, sur la paille et sous deux couvertures. Notre repas du soir était plutôt moins pire qu'ailleurs et je m'en contentais. A mon retour à l'écurie je fus pris d'un coup de cafard et me mis à chialer de rage. Mon voisin voyant mon désarroi me prit par l'épaule et me dit.
- Alors camarade! ça n'a pas l'air d'aller! Faut pas t'en faire, t'es pas tout seul dans ce merdier, c'est vrai qu'ils nous prennent vraiment pour des animaux!

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6 juillet 2008 7 06 /07 /juillet /2008 19:49

Mais à la différence, ici la neige commençait à tout recouvrir, depuis la route où de petites congères se formaient déjà au gré des courants d'air, et de plus en plus prononcés sur les reliefs des bas côtés. Le paysage se noyaient maintenant sous une couche presque uniforme faisant disparaître les aspérités proches des accotements , et arrondissant les petits reliefs du terrain et des bosquets. La distance entre Bouira et Aumale était d'environ quarante a quarante cinq kilomètres, et nous devions être à peu de chose à mi chemin quand nous nous trouvâmes en pleine mini tempête de neige. Un vent violent s'était mis à souffler du Nord provoquant un genre de blizzard qui se mêlait à l'abondant tournoiement des flocons que provoquait les remous d'air à l'arrière du camion. La visibilité s'était énormément réduite et les essuies glace des véhicules devenus inefficaces, obligeant les conducteurs à s'arrêter  pour nettoyer leur pare-brise et rouler au pas le reste du temps, pour aussi ne pas aller au fossé, la chaussée étant devenue glissante, car malgré leur double pont les GMC faisaient quelques embardées sans conséquences, les chauffeurs paraissant expérimentés.
Nous approchions enfin de notre destination, la densité encore relative des habitations nous indiqua que l'agglomération n'était plus très loin, la blancheur de la neige faisant ressortir encore plus, s'il en était besoin la pauvretés des habitants qui vivaient ici. Ce n'est qu'après avoir franchi l'habituel poste de controle que les construction devinrent plus denses et que certaines ressemblaient à de vraies maisons , et même quelques unes à l'approche du centre ville auraient pu être de vraies villas si ce n'était l'entretien qui laissait à désirer.

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4 juillet 2008 5 04 /07 /juillet /2008 21:15

Quelques guitounes étaient aussi installées sur la droite , sur la gauche et dans le fond plusieurs chars et EBR, ainsi que plusieurs automitrailleuses, jeep et quatre quatre alignés en bon ordre. Trois camions de notre convoi allèrent se ranger devant la façade principale et le reste du convoi, bien raccourcis, gagna la sortie située au bout de l'esplanade.
Ce qui m'avait un peu frappé, et je le constatai à nouveau en repassant devant le café de la place, c'était la décontraction apparente de tous ces hommes, compte tenu des événements dont on nous avait rabattu les oreilles depuis quatre mois. Mais je me dis que, ces gars là, pour quelques heures, essayaient  d'adopter une attitude faussement afficher pour exorciser les risques passés ou à venir.
La sortie de la petite ville était aussi "chicanée" que l'entrée et gardées par deux sentinelles armées jusqu'aux dents. Après quelques kilomètres sur une route montante en légère déclivité, celle-ci s'accentua rapidement pour devenir de plus en plus pentue. Les virages se succédaient sur une route en mauvais état, ralentissant notre ascension qui provoquai un net rafraîchissement pour ne pas dire un froid glacial. Je crus rêver à un moment donné , je remarquai des traces de neige sur les côtés de la voie, et aussi quelques minces flocons qui flottant derrière le camion, créaient comme un mini blizzard zigzaguant sur le bitume. Nous étions tous un peu ébahis, mais bien forcés de nous rendre à l'évidence, il neigeait et de plus en plus dru au fur et a mesure de la montée, qui se termina enfin sur un plateau qui ressemblait au précédent entre Palestro et Bouira.

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3 juillet 2008 4 03 /07 /juillet /2008 22:35

Nous roulâmes encore pendant environ une heure sur un espèce de plateau au relief monotone et le convoi amorça une descente en légère déclivité, s'accentuant avant l'arrivée à Bouira. Cette cité de peu d'importance, située à une centaine de kilomètres d'Alger marquait la partie Nord Ouest de la Kabylie, et dés l'entrée ont y sentait encore davantage la guerre que la bourgade précédente.
L'entrée de la ville était " chicanée " avec ses deux guérites et ses "chevaux de frises " mais encore plus sévèrement qu'à Palestro, un sous-officier contrôlait tout, l'ordre de mission en main, vérifiait les camions, posait des questions à notre chef de convoi, ici la confiance ne régnait pas, on voulait savoir qui entrait dans la ville.
Vers le centre ville la colonne tourna à droite contournant une grande place. De petits groupes de soldats, tous armés de carabines US, se baladaient en discutant d'un air blasé et fumant une cigarette. Certains se trouvaient à cotés de véhicules militaires garés en désordre ou, adossés aux arbres rabougris plantés ça et là, sur l'esplanade poussiéreuse. D'autres buvaient une canette de bière affalés sur des chaises bancales à la terrasse d'un café de l'autre côté de la place et quand le convoi passa non loin d'eux, certains poussèrent des cris d'accueil.
- Tiens! Tiens! Voilà la bleusaille! alors les petits gars on vient en vacances! Etc...
Après quelques centaines de mètres, sur une voie poussiéreuse et cahotante sans issue, nous nous arrêtâmes devant une caserne dont l'accès se faisait par un porche très large. Sur le linteau étaient fixés, un grand écusson et un drapeau tricolore, un peu comme au camp du Lido. Une sentinelle dans sa guérite, arme à la bretelle, surveillait l'entrée, que nos véhicules empruntèrent pour pénétrer dans une immense place cernée de bâtiments en dur.

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1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 22:03

Cette vallée devait être assez élevée, et un petit vent glacial nous tomba dessus un peu par surprise, nous obligeant à enfiler un pull sorti rapidement de nos paquetages. Notre vitesse avait augmenté et maintenant nous avancions sur un genre de plateau plus verdoyant, entouré de collines rocailleuses. La route moins sinueuse, permettait avec la vitesse accrue d'espacer un peu les camions. Du coup , je pus apercevoir à plusieurs reprises de petits troupeaux de moutons et de chèvres, toujours gardés par un homme sans âge, vêtu d'une djellaba écrue , la tête enroulée dans un chèche en tissus clair délavé, qui laissait apparaître seulement les yeux et le bout du nez. Les animaux paissaient une herbe verte mais clairsemée, et de petits arbustes à feuilles persistantes qui parsemaient cet espace. Ici et là, à la sortie d'une courbe de la route , ou d'une dépression du terrain, on devinait un douar, composé de quelques masures appelées "mechtas". Tout cela donnait à ce paysage un air un peu mystérieux, miséreux, et inquiétant à la fois. Une autre particularité que je commençais d'entrevoir, assez loin sur la gauche de notre véhicule , c'est massif montagneux, dont la ligne de crête s'élevait au fur et à mesure que nous avancions vers le sud. Au début je crus à une vision de blanc, mais devant mon étonnement mon voisin me dit.
- C'est le massif du Djurdjura, dont le sommet s'élève à plus de deux mille mètres, sur les versants nord que l'on ne voit pas d'ici il y a de la neige souvent vers mille mètres, de ce côté on en voit déjà un peu assez haut encore.
Quand le convoi eu fait encore quelques kilomètres la ligne de crête était entièrement enneigée et son point culminant, tel un cône énorme tout blanc se distinguait  nettement malgré le gris du ciel. 

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